Le Président de la République a lancé la révision constitutionnelle annoncée.
Modifier la Constitution,
nos règles de vie démocratique communes n’est pas un geste anodin. Le
faire dans ce moment de choc, à la faveur des événements dramatiques que
vient de connaître notre peuple, sans le recul nécessaire et sans se
dégager des émotions et des peurs suscitées par la situation, voilà une
idée qui sent la manipulation et le coup politique.
La proposition rendue publique intègre une vieille revendication de
l’extrême droite, celle de la déchéance de nationalité pour les
terroristes. Et qu’elle fut reprise également par une partie de la
droite n’est absolument pas un gage de qualité républicaine par les
temps qui courent.
Le PCF s’opposera
farouchement à une disposition qui n’apportera aucune solution face aux
problèmes posés (quel terroriste pourrait se soucier de cette menace ?).
Cette mesure de vengeance symbolique rétablit une double peine pour les
binationaux, constituant ainsi, en droit, deux catégories de citoyens
inégaux. Elle insinue également l’idée que les origines étrangères d’un
être humain pourraient le rendre plus sujet à devenir un terroriste, ce
qui relève de la discrimination.
Cette mesure nous révolte
d’autant plus qu’elle est portée par un gouvernement et un Président qui
prétendent incarner la gauche et qui ne mènent pas la bataille des
idées face à la droite et à l’extrême droite : ils lui cèdent.
Par ailleurs, il n’est nul besoin de banaliser l’état d’urgence en le
constitutionnalisant. Sauf à vouloir protéger les citoyens des abus
éventuels qu’il pourrait provoquer, renforcer le contrôle démocratique
qui doit l’accompagner et limiter les recours possibles à son
utilisation.
Enfin, toute modification constitutionnelle ne devrait pouvoir se faire
que dans un processus démocratique. Or, aucune consultation sérieuse
n’a été menée sur ce sujet, aucun travail citoyen. Ce choix va encore
contribuer à désaffilier la République du peuple souverain.
Le PCF pense que la
Constitution doit être revue, et même changée. Mais pas pour ça et pas
comme ça. Nous appelons à un grand débat citoyen pour refonder la
République et lui donner un nouvel élan populaire, afin que les
citoyennes et citoyens redeviennent pleinement auteurs de l’avenir.