22 mars 2014

Quand les radios ouvrent leurs ondes au fascisme...

Le FN, ce parti unique des matinales radiophoniques

Le Front national, parti d'extrême droite qui aime tant se déguiser en parti « anti-système », a démontré ce matin qu'il était bien implanté dans le système médiatique. On avait beau changer de fréquence sur sa radio, tour à tour, il y avait Ravier (FN) sur France Info, Philippot (FN) sur France Inter et Le Pen (FN) à RMC et BFM-TV. Le FN est en passe de devenir le parti unique des matinales radiophoniques !
Et que l'on ne nous parle pas de coïncidence. Le CSA a pointé « certains déséquilibres non encore compensés » dans ses relevés, en précisant même que 43 % du temps d’antenne de BFM TV consacrés à l'enjeu national des élections municipales étaient squattés par le parti d'extrême droite entre le 10 février et le 7 mars 2014. Un chiffre effarant, à mettre en regard avec le sort médiatique fait au PCF, pourtant 3eme parti en terme d'élus municipaux, présentant des candidats sur 7500 listes contre moins de 600 pour le FN.
Au soir du premier tour dimanche, si le FN fait un score important, le PCF invite certains médias à balayer devant leur porte. A force de jouer avec le feu, il finit par prendre. Les électeurs ont un bon moyen de déjouer ce mauvais scénario. Ils disposent pour cela d'un atout maitre : leur bulletin de vote. En votant pour les listes du Front de gauche et de large rassemblement soutenues par le PCF, ils feront tort aux Cassandre de tous bords qui annoncent un succès du FN tout en l'organisant. Ils feront œuvre de démocratie.

L'Humanité

8 mars 2014

Une seule liste pour les municipales à CAMON

Depuis jeudi soir, c'est officiel, seule la liste Vivre Camon conduite par Jean-Claude RENAUX se présentera aux suffrages des Camonois le 23 mars.
Situation surprenante pour une ville de 4600 habitants mais que l'on peut comprendre lorsqu'on analyse de près ces 13 dernières années.
Camon s'est transformé sous l'impulsion de Jean-Claude RENAUX et de son équipe, l'emploi s'est développé, la vie culturelle et associative s'est épanouie et un climat d'apaisement s'est instauré. Lors des échéances de 2008  la liste Vivre Camon avait déjà obtenu 72% des suffrages, dépassant largement  l'électorat traditionnel de la Gauche.
L'opposition de Droite, échaudée par ce résultat, fut très discrète durant le deuxième mandat délaissant même son droit à l'expression dans le bulletin municipal. Depuis quelques semaines se posait souvent cette question :"Et alors, est-ce qu'il y a une autre liste ?" Force est de constater qu'elle n'a pas vu le jour. On peut le regretter dans le sens ou la présence d'une opposition est toujours un stimulant au débat démocratique, mais cela reflète l'opinion relevée par les candidats de la liste Vivre Camon au porte à porte; "On a un bon Maire, la commune est bien gérée, Camon est une ville où il fait bon vivre..."


2 mars 2014

Il faut imposer une véritable taxe Tobin au lobby bancaire

Les banques sont les principaux acteurs sur le marché des devises et elles entretiennent une instabilité permanente des taux de change. Plus de 95 % des échanges de devises sont de type spéculatif. Une infime partie des transactions quotidiennes en devises concerne des investissements, du commerce de biens et de services liés à l’économie réelle, des envois de migrants. Le volume quotidien des transactions sur le marché des devises tournait en 2013 autour de 5 300 milliards de dollars ! Les banques qui disposent, comme les fonds de placement mutuel, de très importantes liquidités en usent et en abusent en poussant des monnaies à la baisse ou à la hausse afin d’obtenir des gains sur les différentiels de taux de change. Les banques jouent également de manière déterminante sur des dérivés de change qui peuvent provoquer des pertes considérables, sans compter les méfaits de l’instabilité des monnaies pour l’ensemble de la société. À partir de mai 2013, les monnaies de grands pays dits émergents (Inde, Brésil, Afrique du Sud, Russie, Turquie, Argentine…) ont été soumises à des attaques spéculatives et ont perdu dans certains cas jusqu’à 20 % de leur valeur. Le taux de change entre le dollar et l’euro est aussi l’objet de la spéculation.

Le marché des changes constitue le compartiment du marché financier global qui, aux côtés du marché des dérivés, a enregistré la plus forte croissance. Entre 1970 et 2013, le volume des transactions sur les monnaies a été multiplié par plus de 500 (passant d’un peu plus de 10 milliards à 5 300 milliards de dollars par jour). Alors qu’en théorie, la fonction principale des marchés des changes est de faciliter les échanges commerciaux internationaux, en 2013, le montant des transactions liées aux échanges de marchandises ne représentait même pas 2 % du montant des transactions quotidiennes sur le marché des changes.

En 1979, il fallait l’équivalent de 200 journées d’activité sur les marchés de change pour atteindre le volume annuel des exportations mondiales. En 2013, 3,5 journées d’activité sur les marchés de change suffisaient à atteindre le volume annuel des exportations mondiales de marchandises. Cela indique à quel point les activités des marchés monétaires sont déconnectées de l’économie productive et du commerce des marchandises.

En 2013, quatre banques à elles seules contrôlaient 50 % du marché des changes (Deutsche Bank, 15,2 % ; Citigroup, 14,9 % ; Barclays, 10,2 % ; UBS, 10,1 %). Si on ajoute la part de six autres banques (HSBC, JPMorgan, Royal Bank of Scotland, Credit Suisse, Morgan Stanley, Bank of America), on atteint 80 % du marché. La moitié des échanges a lieu sur le seul marché de Londres.

Alors que le scandale de la manipulation du Libor (il s’agit des taux d’intérêt auxquels les banques se prêtent de l’argent) était à peine considéré comme résolu par les autorités de contrôle, un nouveau scandale a éclaté en 2013 à propos de la manipulation du marché des changes. Les autorités de contrôle des marchés financiers des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’UE, de Hong Kong et de Suisse suspectent au moins quinze grandes banques d’avoir ensemble manipulé les taux de change, y compris le marché de change euro-dollar qui, à lui seul, représente un volume quotidien de 1 300 milliards de dollars. Des responsables des autorités britanniques de contrôle ont déclaré que l’ampleur des dommages causés par les manipulations est au moins égale à ceux qu’a impliqués la manipulation du Libor et qui a abouti au paiement d’amendes pour un montant de 6 milliards de dollars. Le comble, c’est que, selon le Financial Times, des dirigeants de la Banque d’Angleterre seraient impliqués dans la manipulation comme lors de l’affaire du Libor. En avril 2012, des traders spécialisés dans le marché des changes auraient informé de leurs pratiques certains hauts responsables de l’honorable Banque d’Angleterre qui auraient laissé faire. Une enquête est en cours. Le laisser-faire, la complicité, voire la collusion entre dirigeants des banques et autorités de contrôle ont commencé à sortir au grand jour, même si les informations arrivent au compte-gouttes et font très rarement la une des grands médias.

Voici plus de quarante ans, James Tobin, ancien conseiller économique de John F. Kennedy, proposait de mettre un grain de sable dans les rouages de la spéculation internationale sur les devises. Malgré tous les beaux discours de certains chefs d’État, le fléau de la spéculation sur les monnaies s’est encore aggravé. Le lobby des banquiers a obtenu qu’aucune entrave ne vienne perturber leur activité destinée à créer du profit. Pourtant, depuis l’époque où James Tobin a fait sa proposition, nous avons vu que le volume des transactions quotidiennes sur le marché des devises a été multiplié par plus de 500…

La décision de principe prise en janvier 2013 par onze gouvernements de la zone euro d’imposer une taxe d’un millième sur les transactions financières est totalement insuffisante, car elle ne porte pas sur les devises et il n’est même pas sûr qu’elle entrera rapidement en vigueur. Les banques exercent une forte pression pour l’éviter et pour en limiter encore plus fortement la portée. Le gouvernement français, très intimement lié aux banques, intervient activement en faveur des demandes du lobby bancaire. Il n’y a pas de solution juste si on reste dans un contexte aussi biaisé.

Voilà pourquoi il est plus que temps d’enrayer l’engrenage de la spéculation en appliquant une véritable taxe de type Tobin, premier pas vers l’interdiction complète de la spéculation sur les monnaies.
 

Eric Toussaint, maître de conférences à l’université de Liège, 
président du CADTM Belgique, 
membre du Conseil scientifique d’Attac, 
auteur de Bancocratie. Éditions Aden, à paraître en avril 2014