27 novembre 2011

10 % des individus détiennent la moitié du patrimoine en France

Les inégalités de patrimoine sont encore plus fortes que celles de revenus et accentuent d’autant les inégalités de richesse.
Entre 1997 et 2003, les inégalités de patrimoine (à savoir l’ensemble des actifs immobiliers et financiers qu’un individu possède) s’étaient fortement accrues en France, sous l’effet de l’envolée des prix de l’immobilier. La nouvelle enquête sur le patrimoine des ménages de l’Insee confirme cette tendance : sur la période 2004-2010, les inégalités de patrimoine ont continué de progresser. Les 10 % les mieux dotés détiennent au moins 552 300 euros de patrimoine brut. Et parmi eux les 1 % des ménages les plus riches détiennent chacun plus de 1,9 million d’euros d’avoirs. À l’opposé, les 10 % de ménages les moins bien lotis possèdent chacun moins de 2 700 euros de patrimoine, soit 205 fois moins ! Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus ! « À titre de comparaison, le revenu disponible des 10 % de ménages les plus modestes est 4,2 fois moins élevé que celui des 10 % les plus aisés en 2009 », précise l’Insee.
Mais poursuivons plus en détail : en six années de temps, 10 % des plus fortunés ont vu leur patrimoine moyen augmenter de 400 000 euros, passant de 840 000 euros à 1,2 million d’euros, soit + 47 %. Tandis que les 10 % les moins fortunés ont gagné 114 euros, passant de 1 237 euros à 1 351 euros, soit une hausse de… 9 %. En 2004, la fortune des 10 % les plus riches était 680 fois plus élevée que celle des 10 % les plus pauvres, l’écart était de 840 000 euros. En 2010, c’est 920 fois plus et 1,2 million d’euros de différence.
Cet accroissement des inégalités est en constante augmentation depuis dix ans. Mais au cours des six dernières années, les écarts entre les fortunes se sont creusés. Ils résultent de deux effets : d’une part, les biens immobiliers ont vu leur valeur poursuivre leur ascension ; et seuls ceux qui disposaient déjà d’un patrimoine ont pu en bénéficier. D’autre part, les revenus du patrimoine se sont accrus, notamment les dividendes perçus par les actionnaires. Or, comme le patrimoine est concentré, ces revenus supplémentaires ont profité aux personnes qui disposaient déjà d’un pactole et ont donc pu en accumuler davantage. Ajoutons-y le bouclier fiscal, véritable « machine à subventionner les rentiers », dixit l’économiste Thomas Piketty. Ce dispositif n’a pas manqué de protéger la fortune des plus riches en cette période. Ainsi en 2008, les vingt contribuables détenteurs d’un patrimoine supérieur à 15 581 000 euros affichaient un revenu fiscal de référence de moins de… 3 263 euros et ont reçu du fisc un chèque d’un montant moyen de 286 000 euros.

L’immobilier dans le patrimoine
En 2010, le patrimoine brut des ménages est principalement constitué de biens immobiliers, à 62 %. En France, six ménages sur dix sont propriétaires de leur résidence principale ou accédants à la propriété. C’est le cas de la quasi-totalité des 10 % des ménages les plus riches, contre seulement 22 % des 50 % de ménages les moins bien dotés en patrimoine. « L’achat de la résidence principale représente donc une étape importante dans la constitution d’un patrimoine », relève l’Insee.

Alexandra Chaignon (l'Humanité)

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