28 septembre 2006

Service public ou intérêts privés ?

En décidant de présenter un projet de privatisation de GDF devant le Parlement mi-septembre, le gouvernement revient sur son engagement de 2004, voté par sa propre majorité et n’autorisant pas l’Etat à descendre sous la barre des 70% dans le capital de GDF. Si demain, une étape majeure et supplémentaire de la privatisation de GDF était franchie, les tarifs du gaz s’envoleraient encore. Ainsi que les bénéfices et la rémunération des actionnaires.

Vouloir fusionner GDF et Suez, ce n’est pas mettre à l’abri, l’ensemble, d’une OPA hostile. Ce n’est pas en faire un grand groupe gazier : l’activité gaz de Suez ne représente que 25 % de celle de GDF. C’est en revanche vider les caisses du service public GDF pour les actionnaires de Suez. C’est supprimer les emplois en doublon dans les deux entreprises comme c’est le cas pour toutes les fusions. C’est accepter les contreparties demandées par Bruxelles dans sa lettre de “ griefs ” et céder à la concurrence des activités importantes de l’ensemble fusionné.

Il faut, dit le gouvernement, fusionner producteur de gaz (GDF public) et producteur d’électricité (Suez privé, depuis 1987) pour former un fort groupe privé, susceptible de concurrencer les gros producteurs européens. Question : que deviendra dès lors EDF face à ce nouveau groupe privé ? EDF qui produit de l’électricité mais pas de gaz ? Il faudrait la privatiser à son tour ! Et voilà comment en trois opérations on transformerait 3 sociétés publiques en sociétés privées.
La bonne solution est évidente et consiste à regrouper EDF et GDF en un grand groupe public susceptible de consolider en maintenant l’indépendance énergétique du pays et en conservant aux Français des prix raisonnables.
Ce qui n’empêcherait pas , par ailleurs, de rechercher avec les autres pays des coopérations fructueuses dans le cadre d’une politique européenne de l’énergie.

Puisqu’on parle Europe, rappelons que la commission européenne met son nez dans nos affaires de gaz. Elle a adressé au gouvernement une lettre de « griefs » que ce dernier veut camoufler même aux députés. Quels sont ces « griefs » ?

Les contrats d’achat de gaz à long terme pratiqués par GDF sont un avantage certain qui permet des prix inférieurs à ceux du marché. Il faudrait les supprimer :le consommateur paiera !

GDF produit du gaz mais en effectue aussi le transport, le stockage, possède des terminaux méthaniers et son réseau de distribution. La commission veut supprimer cette verticalité et que soient revendues au privé ces activités. Un comble: ces cessions d’infrastructures pourraient aboutir à ce que la nouvelle entité GDF-Suez soit plus petite que le GDF actuel.

Qu’au nom de la libre concurrence, les prix ne soient plus réglementé car il ne faut pas maintenir un niveau inférieur à celui du marché. Là encore le consommateur paiera!
Et l’on retrouve la nocivité de cette politique européenne bien dans l’esprit du projet de constitution de mai 2005. L’on retrouve aussi de la part du gouvernement la volonté de cacher aux Français la réalité des choses !

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