LE 1er MAI LES SALARIÉS, LES JEUNES ET LES RETRAITÉS SERONT DANS LA RUE AVEC LES SYNDICATS
- Abbeville : 10h30 - Place du Pilori
- Amiens : 10h30 - Maison de la culture
- Friville-Escarbotin : 10h30 - Place Jean Jaurès
- Ham : 10h30 - Hôtel de ville
- Abbeville : 10h30 - Place du Pilori
- Amiens : 10h30 - Maison de la culture
- Friville-Escarbotin : 10h30 - Place Jean Jaurès
- Ham : 10h30 - Hôtel de ville
En annonçant un rassemblement pour opposer les salariés entre
eux lors
de la journée internationale des travailleurs, le candidat
UMP entend draguer les voix du FN et avancer vers une recomposition
autour d’une droite extrême.
Provocation ? Dévoilement ? L’annonce par Nicolas Sarkozy d’un grand
rassemblement autour du « vrai travail » le 1er Mai, au Champ-de-Mars, à
Paris, suscite une vive émotion au sein de la gauche et des
organisations syndicales.
Tout est parti d’une phrase du candidat président lundi, au lendemain
de sa défaite du premier tour. « Le 1er Mai, nous allons organiser la
Fête du travail, mais la Fête du vrai travail, de ceux qui travaillent
dur, qui souffrent et qui ne veulent plus que, quand on ne travaille
pas, on puisse gagner plus que quand on travaille. » « On défendra,
nous, le travail. Pas le statut, le travail. » D’aucuns y voient une
manœuvre électoraliste d’entre deux tours pour capter la plus grande
part possible des voix portées, dimanche dernier, sur l’extrême droite
et la candidate du Front national. D’autres voix constatent une
cohérence d’obédience pétainiste dans la politique menée depuis cinq ans
et plus par l’actuel candidat de la droite extrême. Dans les deux cas,
dérive ou conviction, le sarkozysme apparaît comme un danger pour la
démocratie elle-même.
Sarkozy prend les accents de Pétain
Les
réactions à gauche n’ont d’ailleurs pas tardé. Le NPA considère que
Nicolas Sarkozy prend les accents de Pétain pour « gagner des voix » et
appelle à faire du 1er Mai, « un raz-de-marée antiraciste et
antifasciste contre la droite ». Jean-Luc Mélenchon, pour le Front de
gauche, parle « d’une radicalisation du combat » par le candidat de la
droite, tandis que son conseiller, Éric Coquerel, estime que « Sarkozy
veut déclarer la guerre aux travailleurs qu’il méprise » et dénonce « un
clin d’œil supplémentaire au FN ». François Hollande, candidat de la
gauche au second tour, a aussitôt réagi : « Je n’oppose pas les Français
entre eux. Je ne fais pas du 1er Mai une fête des uns contre les
autres. » Ajoutant, hier, lors d’un meeting dans l’Aisne : « Un candidat
qui commence à diviser les travailleurs, à mettre d’un côté ceux qui
seraient les “vrais” et ceux qui seraient les “faux”, vous imaginez ce
que cela peut faire pour la conduite du pays ? »
Le recyclage des idées de la droite nationaliste
Certes, le Front national de Jean-Marie Le Pen avait créé un
précédent nauséeux. C’était en 1988. Il souhaitait récupérer le mythe de
Jeanne d’Arc. Normalement, c’est le 8 mai, jour où, en 1429, elle
aurait délivré Orléans de l’occupation anglaise. Pour avoir une audience
la plus large possible, le FN avait choisi le 1er Mai, pour « une Fête
du travail et de Jeanne d’Arc ». La date tombait, comme par hasard,
entre les deux tours de la présidentielle. Le FN n’était pas en réalité
le précurseur d’une manipulation de ce type. À l’origine, le 1er Mai est
né de la lutte syndicale américaine et du grand mouvement social pour
conquérir la journée de huit heures enclenché le 1er mai 1886. La
répression devait être d’une rare violence : trois syndicalistes tués,
cinq autres condamnés à mort par pendaison. Le mouvement prendra par la
suite une dimension revendicative sociale internationale. C’est alors
que Pétain, le 1er mai 1941, à Commentry lançait une réécriture de
l’histoire. L’activité des syndicats ayant été suspendue et leurs biens
saisis, il fera de cette date « une Fête du travail et de la concorde
sociale », tout en profitant du moment historique pour jeter au feu le
Code du travail.
Ce rapprochement entre les postures sarkozyste et pétainiste
s’éclaire d’un jour nouveau. Le pétainisme, c’est quoi ? Il s’agissait,
dans les circonstances de l’Occupation, du recyclage par un fascisme à
la française des idées de la droite nationaliste, réactionnaire, à la
fois monarchiste, bonapartiste et maurrassienne. Il s’inscrit dans la
confusion des pouvoirs législatif et exécutif, le rejet du
multipartisme, le corporatisme, la suppression des syndicats et des
corps intermédiaires, le populisme au service d’une révolution
nationale, l’apologie des valeurs traditionnelles synthétisées dans le
triptyque « Travail, Famille, Patrie », le rejet des élites, le culte de
la personnalité et le catholicisme comme valeurs universelles de
civilisation, la stigmatisation des responsables supposés de la défaite…
Les immigrés de notre époque ? De vieilles idées de droite que Sarkozy
ripoline à peine.
La musique des mots évoque des souvenirs : « Sarkozy, nous voilà ? »
« J’ai tout donné à la France », a-t-il dit, il y a quelques jours. « Je
fais à la France le don de ma personne », marmottait Pétain.
« Aidez-moi », comme un refrain repris par le candidat UMP. Sarkozy
n’entend-il pas « effacer l’héritage républicain » et du Conseil
national de la Résistance, démolir l’État et le modèle social. L’affaire
du 1er Mai sarkozyste révèle une cohérence d’ambition politique. Et un
remodelage de la droite.
l'Humanité